mercredi 27 mai 2015

La chute de Palmyre pourrait contribuer à la disparition de l'Ibis chauve en Syrie


L’Ibis chauve (Geronticus eremita) est un échassier assez grand (longueur : 70 à 80 cm et envergure : 125 à 135 cm) noir à reflets verts et pourpres. La tête et la gorge des adultes sont nus et de couleur rouge intense. Les jambes brun-rouge sont courtes. Les plumes de la nuque sont allongées et pendantes. Le juvénile a la peau de la tête et du cou grisâtre.
C'est une espèce en danger critique : ses dernières colonies naturelles survivent le long de la côte atlantique au sud du Maroc et dans la région de Palmyre en Syrie. La situation de la colonie semi-captive de Birecik en Turquie est bonne (la saison de reproduction de 2012 a été excellente, le nombre d'oiseaux étant passé de 126 en mars à 152 en juillet).
La situation de l’espèce en Syrie est dramatique : la petite colonie (trois couples) qui a été redécouverte en 2002 dans le Jebel Abiad au nord de Palmyre est au bord de l'extinction (un seul oiseau a été observé en 2013) en dépit d'importants efforts internationaux (Ministère Italien de la Coopération, Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture et Royal Society for the Protection of Birds) et du soutien des autorités syriennes jusqu'au début de la guerre en 2011.
Situation de Palmyre (Syrie)

Situation de Palmyre (Syrie).
Carte : Ornithomedia.com
Avant les événements tragiques qui frappent ce pays depuis plusieurs années, une surveillance constante effectuée par des bédouins avait été mise en place, trois oiseaux (dont une femelle appelée "Zenobia") avaient été équipés en 2006 de radio-émetteurs (lire Les ibis chauves "Salam", "Sultan" et "Zenobia" suivis par satellite) afin de découvrir leur zone d'hivernage (les montagnes d'Éthiopie), six juvéniles offerts par la Turquie avaient été relâchés en 2010 en 2011 et un petit centre de reproduction (utilisant des oiseaux issus de la colonie de Birecik) avait été créé.
En 2013, seule "Zenobia" était retournée sur son site de nidification, la balise de son partenaire "Odeinat" ayant cessé d'émettre en août 2012. Ce déclin semble être principalement dû à la chasse ainsi qu’au surpâturage et à des périodes de sécheresse qui ont appauvri les steppes des environs de Palmyre où se nourrissent les ibis.
La prise de Palmyre par l'État Islamique (ou "Daesh") en mai 2015 pourrait suspendre pour longtemps les efforts de conservation et d'étude de cet oiseau en Syrie. En outre, la femelle "Zenobia" est la dernière à connaître la route migratoire et donc en théorie à l'enseigner à de futurs oiseaux nés en captivité. La Society for the Protection of Nature in Lebanon vient d'offrir une récompense de 1 000 dollars pour toute information utile concernant "Zenobia".
Tout n'est peut-être pas perdu : le suivi durant l'automne 2008 de deux jeunes partis de la colonie de Birecik avait permis de les détecter jusqu'en Syrie et en Jordanie, et l'on peut donc espérer que l'instinct migratoire des oiseaux turques n'a pas totalement disparu ou qu'il pourra être "réanimé".
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