dimanche 28 avril 2013

Tajo de las figuras


Dans les grottes du Tajo de las Figuras ("ravin des figures"), sur la commune de Benalup - Casas Viejas, on a retrouvé en 1913 des dessins schématiques qui furent ensuite classés dans un type particulier de peinture rupestre, l’ arte sureño (art du sud), qui concerne le sud de l’Andalousie. Les dessins de ce genre dans la région couvrent une période d’environ 20.000 ans, si bien qu’ils forment un ensemble extraordinaire, qui permet de suivre l’évolution du style et de la technique sur une longue période dans une même zone. La plupart de ces peintures se trouvent dans la province de Cadix.
Plus précisément, au Tajo de las Figuras il y a des peintures du néolithique et du chalcolithique (âge du bronze). Parmi les figures sont représentés de nombreux oiseaux.

Figure 1

Sur les calques utilisés en 1929 par H. Breuil et M.C. Burkitt pour faire la description des peintures (texte de la première page ci-dessus), certaines espèces peuvent être identifiées.
Par exemple, sur la première figure, on peut imaginer une talève sultane en bas à droite, sur la seconde, le dessin dans le coin en haut à gauche pourrait représenter une grue, sur la troisième il semble qu’il y ait une avocette dans le coin en bas à droite, tandis que sur la dernière figure on dirait qu’il y a au moins un flamant au centre. Quant au reste, ils sont à peine identifiables comme des échassiers et, parfois, ils ressemblent à peine à des oiseaux.

Figure 2

Figure 3

Sur la figure 4, selon certaines interprétations, on pourrait distinguer quelques représentations d’ibis chauve, plus précisément en haut au centre et en bas à gauche, à cause du bec recourbé et une sorte de « chignon » sur l’un des dessins.
Figure 4

Cependant, malheureusement, il se pourrait aussi bien qu’ils représentent des courlis ou des ibis falcinelles, ou qu’ils aient des bec recourbés à cause d’une erreur de tracé. La crête de l’oiseau du coin inférieur pourrait faire partie de l’un des nombreux défauts dans le tracé ou des dommages visibles sur beaucoup d’autres figures ; par exemple, il y a des doigts en trop ou des appendices difficiles à identifier.

Hélas, nous ne pouvons pas considérer ces peintures comme une preuve irréfutable de l’existence de l’ibis chauve dans le sud de la péninsule au cours de la période mentionnée. Rappelons-nous que les restes fossiles dans le Levant ibérique ont été bien étudiés, mais qu’ils correspondent à une période nettement antérieure.

Traduction: E. Langrené

dimanche 21 avril 2013

Le déclin de l'ibis chauve en Egypte

Les archéologues nomment ostracon un fragment de pierre ou de poterie sur lequel a été réalisé un dessin ou une inscription, comme, par exemple, dans l’Égypte ancienne, où il était utilisé comme brouillon ou pour apprendre à écrire ou à dessiner. Le fait que le dessin paraisse complet montre que c’est bien un ostracon, puisque, s’il s’était agi d’une simple marque faite sur la céramique avant qu’elle ne soit cassée, il est probable que le dessin n’aurait pas été complet.



Lors des fouilles du gisement HK25 de Hierakon sont apparus de nombreux fragments de céramique et, notamment, l’ostracon visible sur l’image ci-dessus. Il s’agit, très probablement, d’un ibis chauve, oiseau qui apparaît fréquemment dans l’iconographie égyptienne qui représente l'Akh.

Hierakon en grec, Per-Nemty en égyptien, c’est un ensemble de ruines qui témoignent d’une longue période, commençant avant la construction des pyramides et allant jusqu’à l’ère romaine.

Akh, vers -3.400
De l'autre côté, des petites plaques d'ivoire découvertes par l'équipe du Dr Gunter Dreyer dans le cimetière d'Abydos en Haute-Égypte et de vieilles de 5400 ans semblent être les premiers signes de l'écriture dans le monde. Parmi les plus de 200 pièces, l'une représente, apparemment, un ibis chauve.

Jíří Janák, égyptologue tchèque passionné par l’histoire de l’ibis chauve, raconte dans un récent article publié dans l’Encyclopédie d’égyptologie de l’UCLA que, selon des témoignages, il y avait trois espèces d’ibis dans l’Égypte antique : l’ibis sacré, l’ibis falcinelle et l’ibis chauve. Les images de ce dernier, facile à reconnaître de par la forme de son corps, ses pattes courtes, son bec long et recourbé et sa huppe typique de plumes sur la nuque, furent utilisées pour écrire le nom akh et les expressions et notions qui s’y rapportent.


Selon cet auteur, on peut déduire, à partir des connaissances actuelles, que, dans les temps anciens, cette espèce habitait dans les falaises rocheuses de la rive orientale du Nil, c’est-à-dire dans un lieu qui représentait parfaitement l’idéal de la renaissance et de la résurrection (l’akhet). Ainsi, il se peut que les ibis chauves aient été vus comme des visiteurs et des messagers de l’autre monde, des manifestations terrestres du défunt béni (l'akhu).
L’imagerie de l’ibis chauve dans l’Égypte antique est précise, exacte et élaborée aux débuts de l’histoire égyptienne (jusqu’à la dernière partie du troisième millénaire avant notre aire). Plus tard, les représentations de cet oiseau deviennent plus schématiques et moins réalistes. Ainsi, elles n’apparaissent pas comme une preuve directe et convaincante de la présence de l’espèce. Il est probable que cette évolution corresponde au déclin et à la disparition de l’ibis chauve sur ce territoire.

Le même auteur nous raconte dans un autre article de la même publication que le concept d'akh renvoie à de nombreuses significations différentes liées à la mort et à l’esprit et constitue l’un des piliers de la religion de l’Égypte antique, apparaissant dans beaucoup de textes religieux et d’iconographies. Son sens élémentaire est en rapport avec l’efficacité et la relation réciproque qui permet de traverser les frontières entre différentes sphères.

Traduction: E. Langrené
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