vendredi 23 août 2013

Rapport sur la reproduction 2013 de la population des Ibis chauves dans la région de Souss-Massa

I. Introduction:
Dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan d’Action National pour la Conservation de l’Ibis chauve Geronticus eremita, élaboré en 2008 par le HCEFLCD en collaboration avec ses partenaires, l’activité du suivi de la reproduction des ibis représente un aspect important dans le suivi de l’évolution de la dynamique de population de l’espèce. Les données collectées composent une assise scientifique pour toute intervention à entreprendre, dans l’objectif d’assurer le succès de la reproduction des oiseaux et renforcer la dernière population viable des Ibis chauves au monde.
Toutes les dispositions ont été prises pour assurer le succès de la reproduction des ibis, à savoir l’approvisionnement quotidien des points d’eaux aménagés au niveau des sites de nidification et le gardiennage permanant pour empêcher tout dérangement susceptible d’affecter le bon déroulement de la reproduction des oiseaux.


II. Principales activités et événements de la saison 2013:
1. Gardiens :
Le suivi de la reproduction est réalisé avec le concours des 7 gardiens recrutés par SEO BirdLife, dans le cadre du projet de Conservation de l’Ibis Chauve: 4 au niveau du Parc National de Souss-Massa (PNSM) et 3 dans la zone de Tamri.
  
2. Colonie C et essaie d’attraction des oiseaux :
L’installation en 2000 de 3 modèles d’ibis en plastique sur la plate-forme de la colonie C, avait pour objectif d’attirer les ibis pour recoloniser ce site de nidification, abandonné en 1997. Comme pour les années précédentes, les visites régulières au dit site, n’ont révélé aucune fréquentation de la falaise par les oiseaux. Il y’a lieu de noter que les modèles en question sont actuellement couverts par les sédiments et peu visibles.

3. Dérangement:
Les sites de nidification n’ont pas connu cette année une grande fréquentation par les touristes en comparaison aux années précédentes. 12 visiteurs dont 9 ornithologues se sont approchés du site de nidification à Tamri et 2 photographes ont été observés près du sites A et F dans le parc.
Cependant cette années le site E, situé dans la zone sud du PNSM a connu une grande fréquentation par les pêcheurs à la ligne. Cette fréquentation a coïncidé avec le début de la reproduction des ibis, ce qui a nécessité l’intervention des gardiens assistés par les agents forestiers pour persuader ces pêcheurs de s’éloigner de la falaise ; ce qui a permis aux ibis de s’installer dans le site pour y nidifier.


4. Points d’eau:
Les abreuvoirs ont été quotidiennement lavés et alimentés en eau par les gardiens, durant toute la période de reproduction des ibis. Le suivi de leur utilisation a montré une fréquentation régulière par les ibis.


III. Résultats de la reproduction pour la saison 2013:
La saison de reproduction a débuté à Tamri vers la première semaine de février pour s’achever au cours de la dernière semaine de mai. A l’encontre de l’année précédente qui s’est distinguée par un échec total de la reproduction des ibis, on a enregistré cette année dans le site de nidification de Tamri un total de 60 couples reproducteurs qui ont produit 161 poussins. Comme c’est le cas en général pour les oiseaux qui nidifient à Tamri, on a noté un faible taux de survie des poussins (44%), puisque moins de la moitié seulement (71 poussins) ont réussit l’envol. La productivité ainsi enregistrée dans ce site a atteint 1,1 poussin/ nid. Ce qui peut être considéré comme une nette augmentation, si on considère les résultats de 2012.
Dans la zone du PNSM, la reproduction a été plus tardive et n’a débuté que la première semaine de mars et a pris fin vers la mi juin. Cette année, elle a été troublée par le dérangement causé par un faucon lanier, au niveau du site B. Les vols répétés de ce rapace, au dessus de la plateforme, qui accueille d’habitude 6 nids, a empêché les couples de s’y installer pour nidifier. En conséquence, la zone du PNSM a connu la reproduction de 53 couples, qui ont donné naissance à 101 poussins, dont 77 ont survécu jusqu’à l’envol, enregistrant un taux de survie de 76%. Ce résultat montre un net accroissement par rapport à l’année précédente , ce qui fait que la productivité a atteint le 1,4 poussin/couple, dépassant de ce fait les performances notés à Tamri.
Ainsi, l’issu de la saison de reproduction de la population de l’ibis chauve, on note que sur les 118 couples qui ont fréquenté les sites de nidifications, 113 couples ont réussi à donner naissance à 262 poussins, parmi lesquels 148 sont parvenus à quitter le nid, un taux de survie des 56% et une productivité de 1,3 poussin /nid.
Le tableau 1, ci dessous, résume le bilan de la reproduction des ibis, au niveau de chaque de site de nidification, durant la saison de 2013.

Tableau 1. Résultats de la reproduction au niveau des différents sites de nidifications.
Paramètres
PNSM
TAMRI
PNSM & TAMRI

Site A
Site B
Site F
Site E
Total


Couples nicheurs avant ponte
20
0
16
20
56
62
118
Couples reproducteur avec pontes (1)
20
0
15
18
53
60
113
Poussins produits
34
0
34
33
101
161
262
Poussins ayant quitté le nid (2)
28
0
24
25
77
71
148
Taux de survie des poussins (%)
82,3
0
70,5
75,7
76,2
44
56,4
Productivité (2/1)
1,4
0
1,6
1,3
1,4
1,1
1,3


La comparaison des différents paramètres de la reproduction des ibis pour , avec ceux de 2012 (Tableau 2), montrent clairement une amélioration des performances de la population des ibis pour cette année. Ceci revient aux bonnes conditions climatiques qui ont régnés dans la région, notamment par la répartition des précipitations sur une période qui s’est étalées de septembre 2012 à avril 2013. La pluviométrie qui a dépassé les 200 mm, s’est répercutée favorablement sur le développement des ressources naturelles et probablement sur la disponibilité des proie, ce qui a eu un impact positif sur le potentiel reproducteur des ibis.

Tableau 2. Comparaison des résultats de la reproduction des années 2012 et 2013
Paramètres
PNSM
Tamri
PNSM &Tamri

2012
2013
2012
2013
2012
2013
Couple nicheur avant ponte
62
56
43
62
105
118
Couples avec pontes (1)
54
53
11
60
65
113
Poussins produits
95
101
0
161
95
262
Poussins ayant quitté le nid (2)
56
77
0
71
56
148
Productivité (2/1)
1
1.4
0
1.1
0.8
1.3

Le suivi de l’évolution des paramètres de la reproduction, dans la région de Souss-Massa, montre que la population des ibis chauve comptent actuellement le plus grand nombre de couples reproducteurs, jamais recensé depuis le lancement du programme de conservation de cette espèce en 1993 (Figure 1).

Figure 1 : Evolution du nombre de couples nicheurs de la population des ibis chauves dans la région de Souss-Massa

Le nombre de poussins produit connait également une nette augmentation (Figure 2), et ce malgré le faible taux de survie des poussin relevé dans le site de Tamri. Il y’a lieu de noter que la productivité de la population des ibis est affectée en grande partie par la mortalité qui touche les poussins dans les nids et plus particulièrement ceux de Tamri. Cette mortalité pourrait être expliquée, entre autres, par le problème lié à la disponibilité ressources alimentaires, dans une région qui connait de plus en plus de perturbations liées aux activités humaines (développement touristique, troupeaux de nomade ...).

Figure 2 : Evolution de la productivité de la population des ibis dans la Région de Souss-Massa

Le comptage régulier des ibis, qui se déroule parallèlement au suivi de la reproduction, a permis de noter qu’à la veille de la saison de nidification la population des ibis au niveau de la région de Souss-Massa, compte 319 individus. Ce nombre a atteint à la fin de la reproduction les 443 oiseaux (Figure 3) .
 
Figure 3: Evolution des effectifs de la population des ibis dans la région de Souss-Massa avant (bleu) et après (rose) la saison de reproduction
Le suivi de l’évolution du nombre des ibis avant et après la reproduction de la population met en évidence un écart, dépassant parfois les 100 individus, expliqué par la dispersion de certains oiseaux dès l’achèvement de la reproduction.
Il y a lieu de noter qu’entre février et mai, coincidant avec la période de nidification, la population des ibis est répartie entre la zone du PNSM et celle de Tamri. Parcontre à partir de juin, la fin de la reproduction, presque la globalité de la poluation quitte Tamri pour se localiser au parc, comme le montre l’évolution du nombre des oiseaux recensés au parc et à Tamri, entre 2011 et 2013 (Figure 4).


Figure 4: Suivi du nombre des Ibis chauve au PNSM et à Tamri entre 2011 et 2013

Il est clair que le statut de protection, dont bénéficie l’aire protégée du PNSM, assure une tranquillité essentielle pour cette espèce, tout particulièrement vulnérable au dérangement. En effet alors que la présence des ibis est permanente le long de l’année, dans la région du parc, on remarque qu’à Tamri, à l’exception de la période de nidification, où les ibis sont localisés dans le site pour nicher, la présence des oiseaux reste fluctuante, à cause des différentes activités liées à un tourisme, qui connait un développement grandissant dans cette région.

IV. Conclusion:
En conclusion, la population des ibis a connu une bonne saison de reproduction au cours de laquelle nous avons enregistré un chiffre record de 113 couples reproducteurs. Ces derniers ont donné naissance à 148 poussins, soit une productivité de 1,3 poussin/couple.
Au terme de cette saison de reproduction, l’effectif de la population des ibis dans la région de Souss-Massa, a été estimé, à 443 ibis répartis sur les différents sites du PNSM et de Tamri.
Rapport produit par :
Widade OUBROU & Mohammed El Bekkay

jeudi 8 août 2013

L’approvisionnement en eau





Bien que les ibis chauves vivent dans une zone relativement aride et que ce sont probablement leurs proies qui leur fournissent une bonne partie de l’eau dont ils ont besoin, il faut également qu’ils boivent. Les adultes s’approchent fréquemment des cours d’eau, où ils boivent, se reposent et font leur toilette. En effet, l’un des lieux les plus propices à l’observation des ibis chauves se trouve à l’embouchure du fleuve Tamri.
Abreuvoir pour l’ibis chauve, détail et
 vue général avec sept ibis tout autour.

Apporter de l’eau aux poussins s’avère vital. En particulier, quand la nourriture se fait rare ou quand les parents éprouvent des difficultés à aller la chercher, les poussins meurent plus facilement de déshydratation que d’inanition.
Entre 1998 et 2002, une expérience fut menée avec la collaboration du Parc National de Souss-Massa, la RSPB et la SEO/BirdLife pour évaluer la dépendance par rapport à cette ressource. Le modèle expérimental permit de démontrer que l’approvisionnement en eau douce à petite échelle près des colonies de jeunes entraînait une hausse du taux de survie des poussins. L’augmentation s’avéra plus importante les années de faibles précipitations, mais elle fut constatée tous les ans.

Grace à cette expérience, depuis 2003, de l’eau douce est fournie dans des abreuvoirs dissimulés près des colonies où les parents peuvent apporter le liquide vital à leurs poussins, ce qui est probablement l’un des facteurs expliquant le taux élevé de réussite reproductrice des colonies.
En dehors de la période de reproduction, les ibis se déplacent davantage, étant donné qu’ils n’ont pas à revenir périodiquement aux nids, donc ils n’ont pas besoin de déplacements supplémentaires coûteux en énergie pour avoir accès à l’eau.

Traduction: E. Langrené

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