Par Widade Oubrou
Mohammed El Bekkay
PNSM
Actuellement la plus importante population sauvage
reproductrice des Ibis chauves, vie
aux alentours de deux sites côtiers de la région d’Agadir (Maroc), à
savoir : le Parc National de Souss Massa au sud et le Site d’intérêt
biologique et écologique de Tamri au nord.
En 1994, l’Administration
des Eaux et Forêts marocaine a initié en
collaboration avec BirdLife International, un projet de conservation de l’Ibis chauve dans
la région du Souss-Massa incluant un programme de suivi pour collecter des données sur l’espèce et son
utilisation de l’habitat dans la perspective de formuler des recommandations
visant la réhabilitation et au maintien
de la dernière population sauvage de l’espèce.
Un des aspects essentiel de ce programme du
Projet de Conservation de l’Ibis chauve, est le suivi de la dynamique de la
population de l’oiseau à travers le comptage régulier des oiseaux dans les
sites dortoirs et le suivi de la productivité des ibis dans les sites de
nidification. Les données collectées depuis 1994, ont permis d’établir
l’évolution des effectifs ainsi que les performances de reproduction de la
population des ibis dans la région de Souss-Massa.
Le résultat du suivi de la
reproduction qui consiste à noter tous les paramètres relatifs à la
reproduction notamment, le nombre de couple reproducteur, les jeunes produits
et le taux de la productivité, a permis de noter qu’en 2010, la reproduction des ibis chauve a débuté
vers la deuxième semaine de février pour s’achever en début du mois de juin.
Elle a été caractérisée par la nidification de 118 couples recensés dans la
région de Souss-Massa (PNSM), parmi lesquels 69 dans le parc et 49 à Tamri.
Cependant il a été constaté que ces couples n’ont pas pu tous nidifié puisque
seuls 105 couples ont réussit à produire des pontes dont 57 dans le parc 48 à Tamri.
Ceci est expliqué par l’inexpérience des
certains jeunes couples qui ont essayé de se reproduire pour la première fois
et parfois du manque de place, noté au niveau de certains sites de
nidification.
Les
couples qui se sont reproduits ont donné naissance à 138 poussins soit, 10 poussins de plus qu’en 2009.
Les 80 poussins recensés dans la zone du
PNSM et les 58 dans le site de Tamri correspondent à une productivité de 1,4poussins
à l’envol /couple nicheur à Massa et 1,2 à Tamri.
Avec les 138 poussins qui ont
réussit à quitter leurs nids en 2010, la productivité des ibis a atteint cette année 1.3 poussins /couple
reproducteur, ce qui représente une amélioration par rapport à 2009 où la
productivité enregistrée était de 1.1 poussins/couple.
Le
suivi de la reproduction permet de noter une augmentation remarquable du nombre
de couple reproducteur (Tableau 1). Depuis le lancement du Projet de
Conservation de l’Ibis Chauve en 1994, le nombre de couple reproducteur qui
s’élevait à l’époque à 65, a atteint 77 en 1996. En cette année la mortalité inexpliquée de 38 adultes a réduit
le nombre de couple reproducteur à 59
couples, et ce n’est qu’en 2000 que la population s’est remise de l’incident,
en atteignant le nombre de couple reproducteur avec lequel le projet a débuté.
Actuellement et au terme de la saison de reproduction de 2010 ce nombre a
dépassé la centaine.
Parallèlement, le nombre de
poussin ayant survécu jusqu’à l’envol montre également une tendance à
l’augmentation, puisque qu’il a dépassé la centaine et a enregistré un record
de 138 poussin en 2010.
Grâce au efforts engagés dans
la surveillance des sites de nidification pour éviter tout dérangement des
oiseaux et grâce aux efforts entrepris pour améliorer la productivité des ibis,
grâce à l’aménagement de points d’eau prés des sites de nidification, la
productivité a été améliorée. L’évolution
de la productivité globale des ibis (tableau 1), traduite par le nombre des
jeunes ayant quittés le nid par couple, reflète une fluctuation cyclique. On
note une tendance à l’augmentation, qui se produit sur quatre années. Des
facteurs intrinsèques affectant la survie des adultes et le potentiel
reproducteur des adultes, ou extrinsèques comme la disponibilité de la
nourriture et les conditions climatiques, pourraient intervenir dans cette
fluctuation.
Tableau 1: Nombre des couples reproducteurs et de jeunes survivant jusqu’à l’envol de 1994 à 2010.
Année
|
Total des couples
reproducteurs
|
Total
des jeunes survivant jusqu’à l’envol
|
Productivité
(Poussins/couple)
|
1994
|
65
|
67
|
1,03
|
1995
|
74
|
73
|
0,98
|
1996
|
77
|
58
|
0,75
|
1997
|
59
|
50
|
0,48
|
1998
|
62
|
78
|
1,25
|
1999
|
60
|
83
|
1,38
|
2000
|
65
|
106
|
1,63
|
2001
|
66
|
42
|
0,63
|
2002
|
73
|
62
|
0,84
|
2003
|
90
|
110
|
1,22
|
2004
|
94
|
167
|
1,77
|
2005
|
91
|
112
|
1,23
|
2006
|
84
|
105
|
1,25
|
2007
|
105
|
142
|
1,35
|
2008
|
99
|
57
|
0,57
|
2009
|
111
|
128
|
1,14
|
2010
|
105
|
138
|
1,31
|
La population des ibis chauve dans la région
de Souss-Massa connaît un accroissement remarquable aussi bien de son potentiel
reproducteur, représenté par la centaine de couples recensés, que de son
effectif, estimé aujourd’hui à 490 ibis ; et ceci grâce notamment aux
mesures entreprises pour garantir une quiétude vitale pour
l’oiseau surtout durant la période critique de nidification.
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